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Ce « collectif » est une réflexion et une illustration de l’intuition de Daniel Pons : « tu n’es que par ce que tu transmets et non par ce que tu crois être ». C’est l’altérité qui nous constitue. Elle seule peut nous permettre de dépasser le « moi ». C’est par elle que je deviens moi-même, en disant « tu ». L’organisation du livre est donc cohérente avec cette réflexion en présentant les diverses « liaisons » de l’homme, à lui-même (le chant, la danse, le rire, le corps), au cosmos (le silence, les créatures), à l’autre (l’éducation, le visage, le pardon).

Nicholas Rand est professeur de lettres françaises aux USA, Maria Torok est psychanalyste. Tous deux posent la question du devenir de la psychanalyse, du fait des contradictions qu’ils détectent, dès le début de la pratique de Freud, et dans la personnalité même de Freud. Ces deux auteurs considèrent que les contradictions concernent les conceptions les plus fondamentales et les plus étudiées (rêve, fantasme, séduction, trauma, psychanalyse appliquée à la littérature.C’est une critique fondamentale de la doctrine freudienne, sur des critères de cohérence interne. Les auteurs souhaitent un renouveau de la psychanalyse qu’ils considèrent comme une voie d’accès unique à la compréhension de la psyché humaine, et de ses créations, en particulier littéraires. Ils mettent en valeur ce qui dans l’œuvre de Freud permet de réduire la douleur psychique, mais dénoncent les fermetures auxquelles certaines pratiques traditionnelles donnent lieu. Ils tentent par la même occasion une psychanalyse de Freud lui-même à travers des éléments peu connus de sa vie.Ce livre semble un peu réservé à des spécialistes, et l’on pourrait regretter qu’il cantonne à Freud la psychanalyse, en oubliant les écoles suivantes qui auraient pu élargir le propos.

L’auteur propose une méthode d’introspection à partir de la question « qui suis-je ?ô. Le postulat de base c’est qu’au cœur de chaque homme palpite un noyau invulnérable, lumineux que l’on peut dévoiler à tout instant. La démarche emprunte trois étapes : qui sommes-nous ? Comment guérir ? Et enfin trouver chez l’autre la face de Dieu. Si la démarche est de l’ordre du « sacré » elle se situe au-delà (ou en deçà ?) de tout vocabulaire religieux et a fortiori de toute appartenance religieuse. Mais l’auteur fait de nombreux emprunts aux spiritualités orientales, soufisme, hindouismeà Et propose pour chaque étape des exercices pratiques de visualisation

L’auteur propose une attitude CESORA centrée sur soi, orientée vers l’autre. Son expérience, ses rencontres l’amènent à la conviction que l’écoute est la base du tissu social. Là où il n’y a pas de lieux d’écoute, il n’y a pas de lieu d’expression libre. Sa méthode met en jeu toute la personne, dans la mesure où l’écoutant s’il veut écouter et accueillir la parole de l’autre, doit commencer par s’écouter et s’accueillir lui-même. Elle n’est pas sans lien avec la pratique du tir à l’arc zen. L’auteur donne quelques applications concrètes, par exemple ‘l’écoute d’une classe, ou dans un climat de soins. Il insiste par ailleurs sur le rôle de l’écoute dans la fonction d’autorité.

L’auteur, religieux dominicain, conjugue avec bonheur ses expériences avec les pauvres et les prisonniers et sa méditation des récits bibliques. Les premiers prennent du sens et du goût au contact de la Bible. Le pardon, c’est le lieu même de l’amour véritable. Et pour l’auteur, la communauté d’Eglise est d’abord et en permanence une communauté de pardonnés et de pardonnants.

L’objectif de ce livre est clair : l’auteur écrit pour l’Occidental. Il veut lui dire que le yoga n’est pas une religion, mais un moyen de développer le soi humain. Il n’appartient pas plus à l’Inde qu’aux pays de l’Ouest. Mais c’est un chemin unique pour tous qui aboutit au même but, Dieu et le royaume. Son plan s’accorde à cet objectif : après avoir expliqué ce qu’est le yoga, en s’appuyant sur des références bibliques, il décrit la voie orientale, puis la voie occidentale et montre comment les deux voies se rencontrent.

La forte demande adressée à l’Orient de la part d’un Occident en mal de spiritualité a provoqué un essor du zen : non seulement un « discours sur » mais une pratique. C’est pourquoi un roshi (maître) abbé d’un monastère au Japon tente ici une réponse. Mais est-il possible d’expliquer le zen en langage humain ? Comment rendre le zen « utilisable » ? Le roshi est sans doute bien placé pour affronter ce défi puisque son éducation et sa vie l’ont amené à bien connaître la culture de l’Occident, le christianisme et la bible. Dans ce livre il risque le pari : celui de dire au lecteur que le zen touche à la vraie profondeur de la Vie qui se trouve au-delà de l’entendement.

La présentation de la méthode psychospirituelle du rebirth est incluse dans une vision spirituelle plus large, celle du Nouvel Age. L’expérience est celle de la remémoration de la naissance, vécue originellement comme un traumatisme et transformée ici en expérience de plaisir. La technique utilisée repose sur l’hyperventilation, une ouverture et une libération de la respiration permettant à l’énergie spirituelle de « nettoyer » l’esprit et le corps. L’objectif est ambitieux. Certains penseront naïf : « vous pouvez arriver par vous-même à la santé parfaite, à la félicité sans effort, à la prospérité, à la jeunesse perpétuelle et même à l’immortalité physique. »

L’auteur ou les auteurs sont inconnus : ces récits sont des mises en ordre de leurs souvenirs de pèlerinage dan les années 1860. Un chrétien orthodoxe est à la recherche de la perfection. Il pratique l’hésychasme ou prière du cœur, le cœur étant considéré comme le siège de l’intelligence et de la sagesse. Il prie sans répit pour arriver à la déification c’est-à-dire à la restauration en l’âme de la ressemblance divine. Cette foi populaire se nourrit de l’Ecriture et de la Tradition et ne dispense pas des œuvres.

Sartre avait montré dans Réflexions sur la question juive comment le juif est défini en creux par le regard de l'antisémite. Delphine Horvilleur choisit ici de retourner la focale en explorant l'antisémitisme tel qu'il est perçu par les textes sacrés, la tradition rabbinique et les légendes juives.Dans tout ce corpus dont elle fait l'exégèse, elle analyse la conscience particulière qu'ont les juifs de ce qui habite la psyché antisémite à travers le temps, et de ce dont elle « charge » le juif, l'accusant tour à tour d'empêcher le monde de faire « tout » ; de confisquer quelque chose au groupe, à la nation ou à l'individu (procès de l'« élection ») ; d'incarner la faille identitaire ; de manquer de virilité et d'incarner le féminin, le manque, le « trou », la béance qui menace l'intégrité de la communauté.Cette littérature rabbinique que l'auteur décortique ici est d'autant plus pertinente dans notre période de repli identitaire que les motifs récurrents de l'antisémitisme sont revitalisés dans les discours de l'extrême droite et de l'extrême gauche (notamment l'argument de l'« exception juive » et l'obsession du complot juif).Mais elle offre aussi et surtout des outils de résilience pour échapper à la tentation victimaire : la tradition rabbinique ne se soucie pas tant de venir à bout de la haine des juifs (peine perdue...) que de donner des armes pour s'en prémunir.Elle apporte ainsi, à qui sait la lire, une voie de sortie à la compétition victimaire qui caractérise nos temps de haine et de rejet.