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Etude sociologique de l’émergence de l’émotion en religion. Elle submerge le rationnel, l’engagement social ou politique qui prévalait jusqu’alors dans les traditions religieuses. Les diverses contributions font apparaître que le mouvement actuel pouvait déjà se percevoir dès les années 30. Et par ailleurs, en gagnant du terrain, il devient à la fois plus discret et atteint les traditions les plus à l’écart de cette tendance comme le christianisme par le biais du charismatique ou l’Islam par certaines de ses confréries mystiques. Une question pour terminer : ce phénomène met-il fin à la sécularisation ?

Intégrisme et fondamentalisme sont deux formes distinctes de radicalisme religieux, mais « les similitudes l’emportent sur les différences », du moins au regard des droits et libertés de l’homme moderne. Au-delà d’une modernité triomphante et souvent offensante et d’actions désespérées, il nous faut saisir la logique qui sous-tend ces formes de contestation radicale et prétendent mettre la loi de Dieu au-dessus de la liberté des hommes.

Après la publication de son ouvrage « Vers un nouveau christianisme », en 1986, l’auteur revient sur le phénomène qui prend au dépourvu la sociologie religieuse depuis les années 70 : la concomitance de l’effritement des religions instituées et leur déclin annoncé d’une part et la prolifération du « religieux » sous des formes multiples et inédites. Dans cet ouvrage, D.HERVIEU-LEGER s’attache d’abord à faire le point sur les problèmes posés par « l’objet » - à savoir ce que l’on peut appeler « religion ». Puis elle risque une définition en faisant de la religion une modalité particulière du « croire » reliée à une tradition. Pour constater dans une troisième partie que l’application de cette définition à la société moderne pose quelques problèmes dans la mesure où notre société n’est pas une société de mémoire et se trouve donc dans la nécessité de réinventer une lignée croyante.

Un grand livre qui rend au religieux la place qu’il mérite : non pas une superstructure mais un agent actif de la réalité collective y compris de la réalité politique. Il est organisé autour de trois thèmes. D’abord un renversement de perspective : la mise en question du religieux dans sa rigueur primordiale. Puis la spécificité révolutionnaire du christianisme en Occident. Enfin le devenir des sociétés contemporaines techniciennes et démocratiques comme mouvement vers une société hors religion.

Réenchantement si ne signifie pas retour à des croyances ou des pratiques magiques. Mais le fait que la religion sortie pour une grande part des institutions, n’est pas pour autant en voie d’extinction et que ces institutions religieuses ne gardent pas des capacités de réaction. Il ne s’agit pas non plus de la réanimation de croyances anciennes, mais d’attitudes inconnues jusqu’alors. Dans ce panorama, l’Europe fait un peu figure « d’exception qui confirme la règle ». Les auteurs combattent la thèse selon laquelle la modernité aurait entraîné le déclin de la religion. On trouvera autour de ce thème des chapitres fort intéressants sur le catholicisme, l’évangélisme (« la religion du XXIè siècle ?), le judaïsme, le renouveau religieux en Chine, l’Islam.

Il ne s’agit pas ici d’une présentation des univers religieux, mais d’une exposé sur la façon dont s’est construit progressivement et de façon toujours plurielle le champ de la sociologie des religions. Dans cette perspective l’auteur aborde successivement les auteurs « classiques », et le passage à une sociologie « déconfessionnalisée ». Il brosse un tableau rapide du religieux contemporain en regard de la sociologie. Et enfin il étudie deux questions centrales, celle de la sécularisation et de la définition sociologique de la religion.

L’auteur a publié en 1985 Le désenchantement du monde qui a suscité des débats importants sur « la sortie de la religion » et sur sa présentation du christianisme comme « religion de la sortie de la religion ». Le présent livre rassemble des réponses de Marcel Gauchet aux objections et aux demandes d’éclaircissement qui se sont exprimées alors; il offre ensuite des réflexions récentes de l’auteur d’une part sur le retour et les transformations du religieux, et d’autre part sur la place des religions dans la démocratie. Selon Gauchet, « humanisme religieux et humanisme athée à sont amenés à se découvrir un domaine de convergence en même temps qu’à se redéfinir ».

La sociologie religieuse se donne ici pour objet de « faire le point » sur le débat en cours : peut-on évoquer simultanément la perte du christianisme et le retour du religion, ou encore perte de la religion et retour du sacré ? L’auteur analyse successivement la perte religieuse, puis la résistance ou la résurgence de la religion face à la rationalité moderne. Elle évalue enfin le rapport des institutions religieuses au monde moderne.